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15 avril 2019

Comme un sanglot d'éternité.

 Nous sommes lundi 15 avril. Il y a huit ans, jour pour jour, maman...

Je sais que tu as souffert, je sais que tu savais. Quand ils t'ont emmener à l'hôpital, tu savais que tu ne reviendrais pas. As tu eu envie à ce moment de nous embrasser ? As tu eu envie à ce moment de jeter un dernier coup d'œil à ta maison ? As tu eu envie à ce moment de revoir ton jardin, tes champs, tes prés et repenser à tes nombreux souvenirs. As tu eu une pensée pour ceux que savais aller retrouver ? Je sais que ta dernière parole en montant dans l'ambulance fut pour tes petits. Pour le petit dernier que tu ne connaissais pas encore en particulier et que tu as lâché dans un sanglot contenu, "je ne le  connaitrai pas et je ne reverrai jamais mes petits".

Je sais que nous t'avons manqué à ce moment là, tous. Mais je ne sais pas ce que tu as enduré. Je sais que la souffrance a déformé tes traits. Sur ton visage émacié, le rictus de la douleur encore présent,  nous disait combien ton calvaire avait était intense.

Lâchement, je n'étais pas avec toi. J'avais choisi de prendre une semaine loin de ta maison, où je venais régulièrement en temps voulu. Pourquoi ai je pensé à moi avant de penser à toi ?  Je voulais passer en rentrant et rester avec toi, le temps d'un Week end prolongé. Il y a 8 ans, maman.

Il y a 8 ans, c'était Pâques à la même période que cette année. Dans deux jours, cela fera 8 années que tu es partie. C'était un mardi au petit matin.

Je ne trouve pas de circonstance atténuante. J'aurais dû être là. J' aurais dû t'accompagner, te soigner te soulager et peut être... Les choses ... Non, rien ! je ne dis rien, je crois que c'est préférable. Je ne savais pas. Personne ne m'avait rien dit. Cela ne me concernait pas, ou si peu... Alors pourquoi j'aurais su ? Pourquoi ?

Pourtant, tu étais ma mère à moi aussi, même je fus la première de qui tu fus la mère. Mon droit d'ainesse comme on me l'a souvent fait pêter à la figure ... plus tard. Quand il fut trop tard. Il y a tant de choses que j'aurais voulu te dire. Tant de questions restées sans réponse. Tant de souffrances invoquées et qui resteront silences, non dits, occultations. Tant de choses suspendues  au fil de  nos vies. Tant de choses... encore enfouies.

Tu es si présente encore en moi, pourtant, mais tu me manques tant ! Comme tu manques à nous tous, tes enfants, tes petits enfants. Comme tu manques ! Comme tu nous manques ! 

Dernièrement,  accompagnant Jean Paul au cimetière, un de nos voisins que j'ai salué,  m'a dit : "Mais c'est la maman Simone qui est revenue". Comme j'aurais voulu que ce soit vrai ! Comme j'aurais aimé que tu sois avec moi pour de vrai ! Quand je suis là bas,  je regarde autour de moi, tout me parle de toi, de nous. De nos moments que je sais avoir été privilégiés. Je te cherche en vain. Quand je suis ailleurs, je pense encore à toi, à ce que j'aurais eu envie de te montrer, que nous aurions partagé. 

Lors d'escapades dans notre passé je tente d'y retrouver  les empreintes du temps volé. De ce temps qu'on nous a volé. A toi, à moi, à nos enfants. Je pense aussi à tout ce temps passé à ce temps gaspillé à mettre au point des choses qui n'avaient pas lieu d'être et n'étaient pas encore d'actualité. De nos derniers moments ensemble, perturbés par qui tu sais, je garde l'amertume d'une grande injustice. Je sais alors que la hargne ne me quittera plus désormais. Je sais que je ne ferai jamais ce deuil et que pour moi, notre histoire n'est qu'en pointillés. Je sais aussi qu'il est des phrases qu'il ne sert à rien de terminer. Comme mes mots suspendus à ma plume, comme mes larmes à ma gorge nouée.  Comme un sanglot d'éternité.


dernier soleil

Un 24 mars ordinaire.

 Un grand merci à Fabie qui a beaucoup oeuvré pour l'ouverture de ce nouvel espace avant que le blog initial, toujours le même ne me fas...