vaches ; famille ; nature ; paysages ; pensées ; souvenirs ; humeur

18 mai 2023

Beau. Tristement beau.

 Du magnifiquement beau, parce que c'est criant de vérité, empreint de douloureuse tendresse et parce que l'humanité  de cet artiste transpire à travers ces mots, je vous partage cette chanson.

Si on avait tous de la terre dans les mains

Les racines de la vie, les racines pour la vie

Regarder l'horizon les pieds dans les foins

Pour que pousse les fleurs, vienne la pluie

Si on avait tous de la terre dans les cœurs

Les racines de la vie, les racines de l'humanité

Sentir les regains dans les vents d'été

Et que poussent les fleurs aux milles couleurs

Monsieur le président

Il y a des Hommes qui pleurent sur les bords des rivières

Il y a des Hommes qui meurent sous le poids de leurs terres

Dans la terre de leurs pères

Mais dans la terre de leurs mômes

Balayer la terre dans le dos des Hommes

Il n'y a qu'en haut qu'on gagne la récolte des graines

Il n'y a qu'en haut qu'on chante du pognon dans les veines

Mais c'est en la terre que meurent les Hommes

Dans les vents des campagnes, on entends les cris

Dans les vents des campagnes, on peut sentir la vie

Paysan de la terre, paysan qu'on oublie

Paysan pour la vie, un suicide chaque nuit

Monsieur le président

Il y a des Hommes qui pleurent sur les bords des rivières

Il y a des Hommes qui meurent sous le poids de leurs terres

Dans la terre de leurs pères

Mais dans la terre de leurs mômes

Pourtant quoi de plus beau

Qu'un champs de blé sous le soleil

Un trèfle à quatre feuilles

Toutes les merveilles

Quoi de plus beau, quoi de plus beau

Monsieur le président

Il y a des Hommes qui pleurent sur les bords des rivières

Il y a des Hommes qui meurent sous le poids de leurs terres

Dans la terre de leurs pères

Mais dans la terre de leurs mômes

Si on avait tous de la terre dans les cœurs

Les racines de la vie, les racines de l'humanité

Sentir les regains dans les vents d'été

Et que poussent les fleurs aux milles couleurs

https://i.ytimg.com/vi/8m4GTs




Quoi de plus beau, oui, mais quoi de plus inhumain que ce monde de demain ? Comment ne pas être interpellé par ces images ? Je suis triste à mourir. Je crois que si j'avais eu à vivre un tel drame, j'en serais morte. Comme tous ces paysans qui n'ont pas eu la chance de pouvoir vivre de leur terre, du courage qu'il leur a fallu pour la travailler, cette terre et qui ont mis fin à leurs jours parce que le fric le poison fric passait avant toute autre considération. Le blé pour les uns n'est pas celui des autres. Quand prendrons nous collectivement conscience qu'il faut en finir avec cette vision du monde qui affame, qui désespère, qui enchaine et qui tue ?

Et ces bêtes ? Sacrifiées parce que la finance avec ses cohortes d'alliés, ainsi, en a décidé.

Pourtant quelle confiance elles témoignaient à ces mains qui les nourrissaient.

Car en plus d'avoir dû s'en séparer, ceux dont les mains les nourrissaient, ont été obligés de les trahir. De les trahir à en mourir. Quel humain, dites moi, peut supporter ça ?

14 mai 2023

De l'étrangeté du moment et des choses.

 Etrange conversation ce matin avec mon frère, au téléphone. Ils viennent avec sa femme d'acheter une concession. Cela ne fait pas mourir, mais c'est une démarche qui appartient aux vivants. 

Nous avons alors dérivé sur la question qu'on n'aime pas aborder. Il me parla d'une chose étrange que chacun peut relier à une croyance, au hasard, à un signe. 

Il y a peu, c'était jeudi, il a accompagné mémé Fernande pour son dernier voyage. Mémé Fernande, c'est la grand mère du mari de ma nièce qui a perdu sa maman à l'automne dernier. A la fin du prêche des dames de religion qui procédaient à la cérémonie, le cortège s'ébranla vers le cimetière où on mit un chant, comme souvent, évocateur de la personne défunte, de son environnement ou pour une raison particulière et personnelle. La montagne de Jean Ferrat, Jean qui accompagna tant de ceux qui nous ont quitté. Oui, nous avons avec lui ce genre de relation et de complicité par delà l'éternel et la poésie.  

Mais voilà ce que m'a confié mon frère. Lorsque la chanson arriva au passage où il est évoqué un vol d'hirondelles, chacun pu voir dans le ciel, se déployer autour du cercueil, trois hirondelles. Trois. Me dit-il. Une pour chacune de ses proches qui sont parties récemment. Une pour Nathalie, notre petite sœur, une pour Bernadette, la nièce de mémé Fernande, et une pour sa belle fille, comme si elles étaient venues à sa rencontre, la chercher et lui montrer le chemin de l'éternité. Il me raconta alors une autre histoire : Il y a trois ans de cela maintenant, Françoise, une amie de ma belle sœur mariait sa fille. Elle avait une autre fille décédée très jeune d'un cancer. Lors de la cérémonie, et tout le temps qu'à duré l'office, un oiseau est resté posé sur une poutre de l'église. Quand tout le monde fut sorti à la fin de la messe, l'oiseau s'envola. Mais avant, il tourna plusieurs fois autour de la mariée. Comme pour lui dire, je suis là, je t'ai accompagnée, sois heureuse, je veille sur vous et vous protège. 

C'est étrange et moi je crois aux circonstances, aux symboles, aux signes. Je lisais récemment sur un site consacré aux mystères, que lorsqu'on meurt, tout le temps qui sépare la fin de vie de l'ensevelissement, le défunt, souffre car il ne veut pas quitter ceux qu'il aime. Il a peur aussi de cet au delà qui le happe pour l'emporter. Ce n'est qu'après l'enterrement qu'il consent à suivre ceux qui sont venus le chercher. je n'ai pas prêté tellement d'attention à cette lecture, mais elle a semé un genre de trouble en moi et m'interpelle aujourd'hui. Je ne suis pas croyante, d'aucune religion, mais tant de choses demeurent inexpliquées. Tant de certitudes s'ébranlent pour être remplacées par d'autres tout autant aléatoires et éphémères. Que savons nous de la vie ? Que savons nous de la mort ?

 J'ai alors pensé à Fanon. 


 

Puis j'ai pensé à maman. Maman dont c'est l'anniversaire demain.  Quand on a poussé la porte du cimetière où on venait de la laisser pour toujours, j'ai fait une photo. Voilà à quoi ressemblait le ciel ce jour là.


dernier soleil

28 avril 2023

La petite qui chantait tout le temps.

"Tu parles toujours de ceux qui ne sont plus, jamais des vivants, tu devrais le faire, qu'au moins on  puisse le lire" ! me disait ma petite sœur, il y a à peine hier.

Parce que si tu ne veux pas qu'on te lise c'est pas la peine d'écrire, ajoutait celle qui a maintenant, ce jour,  un an de plus. 

Ben oui, ils ne sont plus là pour lire ce qu'ils aimeraient peut être. Mais c'est plus facile parfois d'écrire sur des regrets. Il y a le chagrin, la tristesse bien sûr, qui nous font nous épancher davantage. Il y a aussi cette sorte de déni qui nous fait prolonger leur vie par nos écrits. Nos souvenirs et notre peine pour dire l'absence. Décrire le vide n'est pas simple et encore moins de le combler. On dit encore que tant qu'on parle de nous, tant qu'on pense à nous, on n'est pas tout à fait mort. Et  pourtant ! combien de vivants sont déjà morts si on part de ces principes ? 

Mais alors ? Vaut il mieux, parfois, être mort plutôt que vif ? C'est selon. Dans bien des cas, être vivant n'est pas un cadeau. Tandis que la mort de certains en serait presqu'un pour d'autres. 

Bref, j'avais promis à cette petite qui chantait tout le temps, qu'un jour, peut être j'écrirai pour elle. 

Mais avant de commencer. Et ce n'est point chose facile.  Tout comme sa vie, au fond, il me faut tout de même préciser une chose: c'est que la vérité n'est pas une, elle est multiple. Chacun a la sienne, qui lui ressemble, fonction de sa personnalité, de sa sensibilité, de sa perception du moment. La mémoire est sélective, elle retient certains évènements, tandis qu'elle en occulte d'autres parfois bien plus importants.

 Je ne prétends pas raconter son histoire qui ne m'appartient pas, seulement une histoire, telle que ma vision d'enfant l'a façonnée. Telle qu'elle m'est apparu à travers bien des versions. Chacun dira peut être un jour la sienne et au beau milieu de tout ça, peut être on parviendra à voir plus clair en nous et en chacun de nous. Ce sera notre histoire et rien de plus. 

Née un jour d'avril, un 28, dans la continuité d'une famille riche en  rien du tout si ce n'est en émotions et aussi en courage, même si ce furent bien là  ses seules richesses. Les autres ayant depuis toujours déserté la terre de ces ancêtres.  

Rebelle dès le berceau, ce qui est loin d'être un défaut, sauf pour sa mère qui l'eut préférée plus docile, elle donna beaucoup. Et pas que du fil à tordre, à tous ceux qui voulaient  en découdre, elle le resta jusqu'à aujourd'hui et le sera jusqu'au bout.

Pour elle, passé, présent et avenir se conjuguent avec rebelle et révoltée. Et elle a de qui tenir ! Grand père, père, mère à sa façon, tante, sœurs, dans la famille, on sait ce que se battre veut dire. On connait la valeur du mot lutter, la lutte de classe, on sait ce que c'est. Et je peux dire non sans une grande fierté que pas une cause qui serve le peuple n'a échappé à sa sagacité. Debout, toujours. Ne jamais courber l'échine. Vivre chichement, mais dignement.. Aider les autres. Leur donner le  pain, le gite,  la chaleur humaine, tout ce qui sépare le monde de l' humanité de celui des affaires. Défendre les causes perdues  ? Il y en -a-t-il, seulement ? Chaque être n''a-t-il pas droit ni au pardon, ni à l'excuse ? A la défense ? A la dignité.  C'est tout cela à la fois que depuis toujours elle défend. La cause des faibles, la cause des justes, la cause des sans. 

 Je me souviens d'elle, j'avais 4 ans, elle, quelques mois. Elle se tenait assise sur sa couverture, devant le poêle dans la maison. On nous l'avait prise tout bébé. Nous n'avions pas assisté à ses premiers biberons. A ses premiers changes. Ses premiers sourires nous avaient été enlevés. Ses premiers mots ? lesquels furent ils ? Pour ses parents ? Ou pour celles qui les avaient remplacés ? Vous dire si cela nous avait manqué ? Non, je ne crois pas. Fait on attention à toutes ces choses ? Quand on a 4 ans ? Pourtant ils ont bien manqués à quelqu'un, à sa mère surement, qui en ayant été privée ne pu, ne su tisser ces liens si précieux pour un nouveau né. Je me souviens qu'elle nous repoussa, elle ne nous connaissait pas. Comme un petit animal désemparé, elle ne connaissait rien de notre univers. Son père, sa mère, les connaissait elle ? Pour elle, elle les découvrait tel qu'on lui en avait peut être parlé, mais que sait un bébé d'un foyer auquel il a été soustrait ? Ma cadette avait un an de plus qu'elle, c'était aussi un bébé. Comme tous les bébés du monde, nous avions répondu par une rebuffade. Ma mère intervint et nous gronda, sévèrement, il me semble. Mais qu'en était il, qu'en serait il de ces liens jamais véritablement tissés ?

 

 A elle, il lui fallut réapprendre ce qu'aurait dû être ce foyer, pareil à ce que pour nous il avait été. Bienveillant, accueillant, chaleureux.. tout ce qu'il n'était pas. Tout ce qu'il n'avais jamais été et sans doute ne le serait jamais. Alors, oui, la dureté de la vie, déjà, à elle se manifestait. Quand je pense à toutes ces choses, j'ai mal. Le mal est pour tout le monde dans ces choses là. Mais il n'est pareil pour personne. On n'imagine même pas pour elle ce qu'il était. C'est ce courage avec lequel elle est née, a grandi, s'est confrontée que je veux saluer. Ce courage qu'il a fallu à cette petite fille pour devenir grande. Sans véritable soutien. Sans écoute. Sans bienveillance, parce que la rebelle qui dominait en elle, de tout le monde avait été écartée. Alors, il lui fallut tout de même avancer, coûte que coûte et elle seule, sait, ce qu'il en coûte d'avancer. Avancer, se construire, rester humble, digne, droite et honnête, tel fut le but qu'elle se fixait. Elle aurait pu sombrer. Mais elle ne l'a pas fait. Ce que c'est d'être une battante, tout de même ! Être une femme, une vraie. Juste,  se battre pour l'égalité entre tous. Combattre les inégalités, toutes.

Je la revois gamine, sur les chemins de notre école, trainant son cartable , jouant à faire des blagues en chantonnant. Je la revois à l'étable, je la revois aux champs. Les corvées à accomplir le soir en rentrant de l'école. Traire la Mignone ou la Jolie avant d'aider à  autre chose, il y a toujours de la besogne quand on est fille de paysan.


le riveau

 

Je la revois plus grande, faire des niches à la Francine,  se battre avec la maitresse d'école, parce qu'elle lui reprochait une punition injuste envers sa petite sœur et qu'elle jugeait de son devoir de jouer les vengeresses, les  justicières, les redresseuses de tort et qu'elle en a fait son combat.

Son combat, celui de toute une vie. Celui de quelqu'un qui tant, en a souffert ! Tant en souffre aujourd'hui encore, alors qu'elle devrait couler des jours heureux bien mérités. 

Des jours heureux aux côtés de celui qui partagea sa vie et que cette garce de vie lui a enlevé. 

La laissant seule sur le pavé, avec des petits à élever. Personne ne peut imaginer, à quel point une vie c'est dur parfois. Surement pas ceux qui donnent leçons sur leçons à tous, au prétexte que la leur, de vie a "été plus... riche ? Plus variée ? " Parce qu'ils auraient connu amour gloire et beauté ? renommée ? Et encore  ! par personne interposée. Par hérédité ?  Parce que le mérite ferait partie d'un héritage particulier ? Serait inné ? Ou se décrèterait ? 

Personne, je dis bien personne, sur ce plan là, avec elle  ne peut rivaliser. Ils peuvent toujours s'accrocher, héritiers de sénateurs et autres pseudos valeurs  improvisées. 

 Et moi, je suis fière d'elle de ce qu'elle fut, de ce qu'elle est. Est, et restera, entière, et entièrement dévouée à la cause des déshérités. 

Pour elle, je souhaite la meilleure journée possible, un bon anniversaire et une bonne nouvelle année. 


2023 04 09 Le Palais sur Vie,,e (5)

DSC_0005

DSC_0009

DSC_0011

DSC_0012

DSC_0013

DSC_0014

DSC_0015

au temps des vaches de lossedat (1)

Tourbière de Clamouse

le lac de bourdouze 25 07 2016 (31)

le lac de bourdouze 25 07 2016 (28)

le pavin (10)

le plateau du guerry 29 07 2016 (380)

2014 10 15 le lac servière (2)

2023 03 (4)

Un 24 mars ordinaire.

 Un grand merci à Fabie qui a beaucoup oeuvré pour l'ouverture de ce nouvel espace avant que le blog initial, toujours le même ne me fas...