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17 septembre 2019

Nos rendez vous manqués.

Il faut profiter pendant qu'il en est temps. 

N'avons nous que le temps que nous prenons qui soit bon ? Celui que nous donnons, pourquoi le limiter ? Parce que l'un ne serait pas compatible avec l'autre ? Parce que l'un empièterait sur l'autre ? Et si les deux se conciliaient ? Se complétaient ? Sans doute en aurions nous moins de regrets.

Le 6 septembre je recevais via ma messagerie une invitation. J et G invitaient tous leurs amis, tous leur camarades, tous ceux qui durant tant d'années avaient marché avec eux d'un même pas et pour un même combat. La petite fête avait lieu mardi dernier, le 10 septembre. Je n'y suis pas allée. J'avais mieux à faire. 

Aujourd'hui  mardi 17 septembre, c'est par un petit message que j'apprends que J vient de tirer sa révérence. Il lui aura fallu moins de 8 jours pour s'en aller. Je ne connais pas encore dans quelles circonstances. Mais je sais que son cœur était usé. Usé d'avoir trop aimé, d'avoir trop donné.

Si je suis interpellée par sa disparition, moins de 8 jours après qu'elle ait donné sa dernière fête, c'est que je me rends compte un peu plus chaque jour combien nous sommes fragiles, combien notre monde est en équilibre sur un fil. Il suffit d'un rien pour que tout bascule.

Combien de rendez-vous, ai- je comme cela, manqués ? Définitivement manqués. Il n'y a pas toujours une prochaine fois.

Nous étions vers la mi février de cette année 1991. J'étais venu à la maison aider ma mère, la seconder. Mon père était mal. Le docteur n'était pas optimiste. Et lui, pauvre diable, las de souffrir, n'en pouvant plus, avait décidé de poser les armes. Depuis l'automne où il avait été hospitalisé, il ne se battait plus contre la maladie. Il se laissait partir, tout comme son père était parti. La famille, les amis, les connaissances venaient furtivement lui rendre visite. Une dernière fois peut être...

Il y eut cet épisode neigeux, tant redouté, comme souvent en février. Nous étions allé plusieurs fois, le Petitou alors âge de 5 ans  et moi, à pied dans la neige, chercher le pain au bourg, comme autrefois, en profitant pour faire de bonnes parties de boules de neige, de glissages et des bonhommes auxquels on cherchait un nez, une pipe, une oreille...   Ce soir là, la tourmente redoublait. Des amis devaient monter. Un coup de fil nous avertit qu'ils ne le feraient pas. Pas cette fois. Ils ne le firent, en effet, pas. Quand ils revinrent trois semaines plus tard, ce fut pour accompagner mon père. Lui était devant, nous marchions tous derrière. Un beau soleil éclairait la colline avant de disparaitre dans un crépuscule incandescent. Je n'oublierai jamais ces moments. Mon père aurait eu 110 ans la semaine dernière.

20 ans plus tard, ce 15 avril 2011, nous avions décidé de partir en vacances. Nos bagages chargés, nous prîmes la route. La matinée était agréable. Il faisait doux. Les arbres étaient en fleurs, un parfum suave s'en exhalait. Le cœur léger nous allions vers une autre contrée. Nous avions décidé de nous arrêter au retour pour voir maman. Le long Week end de Pâques s'annonçait, nous le passerions ensemble. Nous lui rapporterions des confitures de marrons d'Ardèche, comme elle l'aimait, délicatement parfumée avec de la vanille. Nous espérions que notre séjour se passerait bien, que la Jubine, cette sorcière  qui vivait par intermittence sous son toit, ne serait pas là à nous empoisonner la vie. Que nous profiterions de doux moments comme à chaque fois que nous venions et qu'elle nous attendait avec l'impatience de ceux qui sont privés de la présence de ceux qu'ils aiment mais qui sont loin... si loin, parfois. 

Le 18 au petit matin, un message sur le portable nous avertit que nous ne la reverrions pas... C'était trop tard. Pour les confitures... Pour les moments délicieux que nous n'avons pas su saisir... Pour l'au revoir. Le dernier des au revoir. Je n'ai pas fait mon deuil. Pas encore.

Je sais qu'elle non plus n'avait jamais fait celui des siens qui l'ont quittée.

Deux ans plus tard, le dimanche 16 juin 2013, c'est la fête des pères. Nous ne sommes pas descendu voir grand père. Il y a des petits chats à récupérer dans la maison du haut, pour notre ami Pierre. Nous n'avons pas trop le temps et puis les fêtes ça va ça vient. Grand père et grand mère vont bien, ils sont en pleine santé.

Le lendemain, lundi 17 juin 2013, il  est environ 10h30. La Ponette m'appelle en larme. Un grand malheur vient de se produire. Grand père vient d'avoir un très grave accident. S'en est fini pour sa fête des pères. L'automne précèdent, nous lui avions souhaité un bon anniversaire.

Il y a toujours un moment que nous ne vivrons pas ensemble et qui sera le dernier. Celui qu'il n'aurait pas fallu rater. Si on savait, si on pouvait, combien de fois arrêterions nous les aiguilles ? J'entends la voix de maman, dire à chaque fois,  ses regrets que ce soit la dernière fois. Incliner la tête et dire qu' on ne les reverra pas.

Adieu J. Je pense à vous. Tendrement à vous. Adieu, Camarade.

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