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10 mai 2021

Mon voisin

 Mon voisin est mort. Et cela fait tout drôle de me dire qu'on ne le reverra pas. Mon voisin qui ne l'était plus mais qui le fut durant mes jeunes années jusqu'à plus tard, emporte avec lui une part de l'enfant qui est toujours en moi.

Je n'avais pas de contact ni d'affinité avec lui, en tout cas pas plus qu'avec n'importe qui que j'eus croisé autrefois. Cependant il était toujours là faisant partie du paysage, de l'immuable qui nous rassure et donne confiance car si beaucoup de choses changent et se transforment autour de nous, il bon et sain pour notre esprit de savoir que quoi qu'il en soit, certaines choses sont toujours là. Je le revois petit avec ses belles boucles blondes, frisées et son petit minois. Je le revois pendu au sein de sa mère qu'il ne quitta définitivement qu'au moment d'entre en classe vers l'âge de cinq ou six ans. Je le revois courir par nos charries, parfois venir à la maison partager le jeu de mes cadets, ou bien encore chez lui, le plus souvent, c'est là que nous nous retrouvions pour nos jeux et secrets. Enfin au tout début, car nos familles étaient brouillées et la sienne plutôt d'un naturel sournois.

Le premier souvenir qui me vient à l'esprit, pensant à lui, est celui qui faillit bien lui coûter la vie, vers l'âge de quatre ans.

Nous étions en classe, ma sœur et moi et ne rentrions pas à la maison pour le déjeuner. Nous restions à la cantine comme beaucoup d'enfants de fermes éloignées. Lui un peu plus jeune que nous, et le plus jeune de sa fratrie, était encore à la maison et suivait aux champs.

Son père venait d'acquérir un tracteur et labourait son champs, le champs d'en bas les Bèzes. Lui suivait partout et montait sur le tracteur aux côtés de son père. Habituellement cela se passait sans incident. Jusqu'à ce jour où, pour une raison dont j'ignore la cause, l'engin bascula. Lui le petit bout de chou, restant coincé sous le poids de la machine, la tête écrasée, les membres disloqués. Ce fut un coup d'état. La Francine, voisine la plus proche, ayant son jardin mitoyen du champ, accourut aux premiers cris déchirant de l'Odette  qui ne sachant comment sauver son enfant hurlait à fendre l'âme. L'enfant fut transporté d'urgence à l'hôpital le plus proche, distant tout de même d'une trentaine de kilomètres. J'ignore tout des détails, mais je sais que quand nous revînmes de l'école, ma sœur et moi, c'est bouleversée que ma mère nous informa de la terrible nouvelle. Denis, c'était son nom, était entre la vie et la mort à l'hôpital d'Ambert, où il resta dans le coma de nombreux jours. Il ne revint chez lui qu'au bout de quelques mois. Dès qu'il fut rétabli, ma sœur et moi sommes allée lui rendre visite chez lui et je garde de ces moments un mauvais goût de tragédie. Le savoir parti me renvoie à cette période tragique dont j'ai beaucoup de mal à me détacher. Paix ait son âme pour l'éternité.

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