En auvergne, les fermes se composent de la maison d'habitation jouxtée par la grange et l'étable, une porte intérieure permet le passage de l'une à l'autre sans passer par dehors.
C'était le cas dans la vieille maison familiale. Jusqu'en 1909. Il y a toujours au fond de l'étable la grande cheminée comme autrefois, où bêtes et gens vivaient dans la même pièce. Une seule et même pièce où la chaleur des vaches profitait aux gens. Où le chien et le chat voisinaient avec les poules, le goret et tout ce qui vivait là. Mes grands parents ont construit de leurs mains la nouvelle maison, transformé l'ancienne, aménagé les dépendances et mon père est né dans cette nouvelle maison, une maison bien confortable avec une arrivée d'eau dans la souillarde. Avec une disposition bien rationnelle de l'ensemble des pièces, équipées pour recevoir de nombreux descendants. Mais il n'y avait pas de porte intérieure entre la maison et la grange. Il nous fallait donc sortir pour aller à l'étable. Par temps de neige, la porte souvent obstruée devait être dégagée, et le passage ouvert pour aller soigner les bêtes qui ne nous offraient plus leur bienfaisante chaleur, mais dont nous aurions bravé tous les danger pour aller retrouver. Mon père était sans arrêt équipé d'un balai fait de branches d'osier ou de genêt qui lui servait aussi à balayer l'étable, car il aimait tenir propre cet étable où tout compte fait il passait plus de temps qu'à la maison. C'était son domaine et personne ne le lui disputait. Avec l'étable grouillant de vie, chacun retrouvait un espace particulier. Le mien c'était la crèche des vaches, comme je vous l'expliquais. Mais il y avait aussi un coin que j'affectionnais, c'était le passage entre deux soues à cochons. Ce lieu isolé et à peu prés propre avait ceci de particulier : qu'il offrait à chacun un peu d'intimité. J'aimais m'y sentir seule pour méditer. Mon père avait un autre lieu bien à lui, qu'il appelait le grenier. Il y entreposait le grain pour les farines qu'il fabriquait. Il y avait aussi tous ses outils qui lui permettaient de bricoler.
Pour un de nos Noël, je reçus d'une de mes tantes, un cadeaux merveilleux que je convoitais depuis longtemps. C'était un magnifique attelage composé d'une paire de bœufs et d'une jolie charrette (que j'ai encore aujourd'hui). Naturellement, ce cadeau, fit saliver ma petite sœur qui s'était vu offrir une simple poupée. L'hiver suivant, papa, s'enferma des journées durant dans son atelier. Sans relâche, il tailla, ponça, rabota, et fignola. A la Noël venue, une superbe paire de bœufs en bois blanc avec un tombereau du même bois, travaillé avec amour et élégance trouva place dans les sabots de ma petite sœur qui toute émerveillée n'eut pas assez de mot pour remercier ce bon papa Noël qui ne l'avait pas oubliée.
Que c'était beau à voir, cette enfance qu'un rien sublimait !
Nous avons gardé longtemps nos attelages que le temps a fini par disperser. Je ne sais pas ce que sont devenus nos bœufs. Plusieurs fois cassés, autant de fois réparés, ni le joli tombereau, j'ai retrouvé le char qui fut le mien, mon mari l'a restauré, aujourd'hui, il trône en bonne place avec une autre paire de bœuf, il contient un modeste panier, fait de fougères et de clisses de châtaigner. Ce panier que nous avons fabriqué avec mes enfants, un jour de cueillette de cerises, lors d'une balade improvisée.
voici la charette et le fameux panier : de sa confection à celle...
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