vaches ; famille ; nature ; paysages ; pensées ; souvenirs ; humeur

13 janvier 2019

Un si petit village. Suite. Le point de croix.

 Le point  de croix.

Compte tenu de mes capacités et de mon aptitude aux travaux de couture, il ne s'agit pas là de vous parler de ces activités qui meublent les journées froides d'hiver.

Je vous parlais, sans l'avoir encore nommé des travaux de cet élu de ma commune.

Outre un ouvrage sur les anciens soldats de la guerre de 14/18, à paraître au printemps prochain, ce monsieur a fait un vrai travail d'historien, dont un volet traite des croix de la commune.

Hier, j'ai relu plusieurs passages de ce dossier. Je me souviens de quelques unes dont j'ai réalisé des photos (j'aime photographier les croix, allez me dire pourquoi ?) Comme celle des Bordes, mon lieu privilégié de promenades, des verts et surtout de Lossedat puisqu'à mon réveil, c'est elle que je vois en premier en ouvrant les volets.

Aux Bordes, j'y venais souvent du temps où cette matière était en activité. J'aimais bien le Louis et la Renée, et surtout leurs grands bœufs roux rayés de blanc, le Charmant et le Damiant, le Bruno (un noir Salers) et le Brillant, d'excellents débardeurs et une aide précieuse pour notre trop de paire de vaches, la Charmante et la Blonde, quand par les Barthes, il leur fallait tirer les billes de bois pour les charpentes ou les besoins de la maison. J'évoque ces souvenirs,  partie d'une mémoire qui était celle de la vie de nos campagne au sortir de la guerre jusqu'au début des années soixante.

Les Bordes étaient un domaine prospère en ce temps là. Nous traversions le bois par un chemin que nous nommions l'allée des Bordes, un joli nom ma fois, pour nous y rendre depuis Lossedat, ou bien nous coupions depuis le fond du village par les terrains marécageux. L'absence de clôture nous conduisait au niveau d'un tout petit pont sur le ruisseau des Verts, et nous remontions par un chemin caillouteux jusqu'à l'entrée du hameau  tout en haut du pré où se situe la croix. Cette immense croix de bois !


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Celle de Lossedat, est cassée. Elle connu un sort malheureux, il y a de cela bien longtemps.

Située à l'entrée d'une propriété privée,  dans l'angle du chemin, elle faisait face à notre maison. Cette croix, je le crois, en a vu de toutes les couleurs. Dans le milieu des années soixante, elle se vit peindre en rouge par une voisine qui voulait faire enrager mon père,  qu'elle traitait de sale communiste et qu'elle ne supportait pas. Ainsi,  elle se plaisait à lui empoisonner la vie. L'histoire fit grand bruit dans les alentours. Le curé vint se rendre compte sur place de l'importance du blasphème. Une enquête fut menée et les gendarmes de Saint Germain l'Herm se déplacèrent. Tout le bourg ne parlait que de ça, une autre voisine disait que cela porterait malheur à la main par qui le scandale était venu. Mais rouge elle resta. Quelques années plus tard, elle fut cassée, par un projectile qui ratant sa cible, en deux la brisa  puis elle fut  rafistolée avec du fil de fer.  Mais elle était toujours rouge. Le pauvre Jésus ne tenait plus que par un fil et n'aurait pas eu beaucoup à faire pour descendre un peu plus bas. La peinture rouge finit par disparaitre. Avec le temps le fil de fer  finit par rouiller et se cassa, si bien que de cette croix, ne reste que le socle avec un tout petit morceau du pied, sans doute des fouilles, non pas archéologique, mais dans le fouillis qui jouxte le chemin, permettrait de retrouver les morceaux manquants. (emplacement fléché sur le côté de la photo 1, visible en arrière plan sur la photo 2)


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Quant à celles des Verts, il y a celle qui se situe à l'entrée du village, qui est bien réelle, mais ma mémoire s'en est fabriqué une autre, à l'intersection des chemins de Coudeyras et de Bellevue. Nous y avions une pâture que nous appelions la croix des Verts. Y a t-il eu une croix à cet endroit ou bien est ce l'intersection des chemins qui lui avait valu ce nom, je n'en ai pas souvenir. Seules des fouilles, pour l'occasion permettraient d'en éclaircir le mystère ! Mais moi j'ai de tout autres souvenir s'y rattachant.


les verts (3)

champ de la croix des verts 02 08 2014


A l'époque de cette enfance, je ne me préoccupais guère des croix. C'est dans ce champs que nous gardions ma mère et moi. Je la revois assise au bord du pré en limite des champs voisins. Nos voisines venaient aussi, elles avaient un immense troupeau de moutons. Pendant qu'elles parlaient de problèmes d'adultes, je jouais avec ma "Cabriole" une chèvre en caoutchouc dont j'eu beaucoup de mal à me remettre de la disparition. Parfois pour se distraire, elles me racontaient des histoires et riaient de mes mots d'enfants. Je devais avoir une bonne répartie car elles aimaient me faire parler. Elle me promettaient de me conduire avec elles,  à la fête à Saint Eloy, mais me recommandaient elles, il faudrait faire attention à mes sabots, car à leur dire, un de leur galant avait déjà eu l'occasion d'y perdre les siens. Je ne comprenais rien à leurs affaires, mais je sais que le soir venu, à la maison, cela faisait bien rire mon père et le grand père, qui avait dans les yeux un air fripon.

 Les jeunes demoiselles me demandaient souvent des nouvelles de ma petite sœur, si elle marchait, ce à quoi je répliquais qu'elle ne risquait pas, vu qu'elle n'avait même pas de jambe ! (je la voyais toujours pliée dans un lange). Plus tard, ce champ nous a été retiré lors du remembrement. Il constituait une de nos meilleures terres, il fut remplacé par une terre plus petite qualifiée de jardin, mais envahie par les ronces et les orties et pratiquement inexploitable. Mon père en fut malade. En haut de cette terre, entre la route de Condat et les champs, il y avait deux carrières de sable où mon père venait se ravitailler, lors de la réfection de l'étable. Il venait avec son attelage, tantôt la Charmante et la Blonde, tantôt la Jacade et la Mignone. Je le suivais parfois.  Ainsi fusent les souvenirs, les dures peines, le labeur, mais que c'est bon de les retrouver intacts. Il y a pourtant, si longtemps déjà ! 

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