vaches ; famille ; nature ; paysages ; pensées ; souvenirs ; humeur

22 janvier 2019

Un si petit village. ( suite). La neige.

 Aujourd'hui il neige. Cela me renvoie à mon enfance, quand les hivers froids nous paraissaient si longs et que maman nous accompagnait à l'école. Il n'était pas rare qu'arrivés à la Pinatelle, nous rebroussions chemin. Des congères plus hautes que nous ne nous permettaient pas de franchir le passage balayé par les vents. Juste en haut du chemin à l'angle du clos du Charles et du chemin qui descend à la croix des Verts. Là le vent s'engouffrait dans un couloir et rabattait toute la neige formant un véritable mur infranchissable.


18 07 2017 le bois de la Pinatelle (2)

la Pinatèle (10)


Notre menotte dans celle chaude de maman se décrispait alors, toute contente de revenir se chauffer prés du vieux poêle à la maison. En arrivant nous posions nos chaussures, nos habits d'école et courrions à l'étable où papa terminait la traite et le pansage des vaches. Nous nous réfugions prés de la Charmante ou de  la Mignone. Quand la traite était terminée, nous donnions à boire aux petits veaux tapis bien au chaud dans leur abri tout couvert de paille. 

 

Puis venait l'heure de faire boire les vaches. Nous les amenions prés du grand bac en bois, en haut de la maison. Souvent il fallait casser la glace qui recouvrait le dessus. Trois par trois, nous détachions les vaches et les accompagnions jusqu'au retour à l'étable où rassasiées et abreuvées, elles se couchaient pour ruminer tranquille. C'est dans cette chaleur douce et rassurante que nous passions nos temps de repos forcé, en contemplant nos vaches et écoutant leur respiration. Nous n'avons jamais regretté d'avoir manqué l'école et nous bénissions ces temps de neige qui nous permettaient de rester encore un peu à la maison.


la Nono au bac


Plus tard dans la journée nous passions notre temps à nous chamailler devant la cheminée. C'était à qui aurait la meilleure place prés du fourneau. Là les pieds dans le four, nous nous prélassions feuilletant un illustré pendant que maman tricotait et que papa lisait son journal. C'était le journal "La Terre" auquel il était abonné. Je me souviens qu'enfant, je le regardais les yeux grans écarquillés. Il y avait toujours quelques photos de vaches que maman me découpait la semaine suivante, avant que le journal ne serve à allumer le feu  et à entourer les briques bien chaudes qui réchaufferaient notre le lit le soir, venue l'heure du coucher.

 Ah ces soirées magiques ! quand tombait le jour, il fallait recommencer le pansage des bêtes, puis à nouveau les abreuver. Nous mangions ensuite la soupe puis c'était l'heure de la traite. Je me souviens que nous mangions toujours avant la traite. Puis après avoir couché les plus petits, maman préparait la pâtée des cochons et nous suivions à l'étable. Parfois c'était l'inverse, on faisait le travail d'abord et on mangeait ensuite, ce qui permettait de poursuivre un peu la soirée pelotonnés devant le feu.  Plus grandes, nous aidions à la traite à notre tour. Chacune avait sa ou ses vaches attitrées. moi c'était la Charmante, vous l'auriez parié !

Le lendemain, nous regardions sur les carreaux, danser ces animaux de dentelles que le givre avait fait naître, la nuit sur nos fenêtres. Je me souviens de ce poème de Maurice Carême, intitulé le givre qui disait ainsi :

"Mon dieu comme ils sont beaux

Les tremblants animaux

Que le givre a fait naitre

La nuit sur ma fenêtre.

Ils broutent des fougères
 
Dans un bois plein d’étoiles,
 
Et l’on voit la lumière
 
A travers leurs corps pâles.
 
 
 
Il y a un chevreuil
 
Qui me connaît déjà ;
 
Il soulève pour moi
 
Son front d’entre les feuilles.
 
 
 
Et quand il me regarde,
 
Ses grands yeux sont si doux
 
Que je sens mon cœur battre
 
Et trembler mes genoux.
 
 
 
Laissez moi, ô décembre !
 
Ce chevreuil merveilleux.
 
Je resterai sans feu
 
Dans ma petite chambre."


Je n'ai pas oublié ce poème et il me plait à revoir ces tremblants animaux que j'ai contemplé longtemps derrière mes carreaux.

Quand le temps radoucissait la neige se tassait, nous entreprenions alors des balades aux alentours. Les Enclos, bien sûr, la Prade, où d'autres chemins de traverse nous conduisaient à travers bois. Maman nous accompagnait souvent, histoire de s'évader d'un quotidien bien lourd, parfois, à supporter. Nounours notre jolie chienne feu et gris taché de noir nous accompagnait toujours. Nous aimions particulièrement ces moments enchantés passés auprès d'elle. Elle était magnifique quand elle sautait pour attraper le bâton que nous lui lancions. on aurait dit qu'elle s'envolait.

Et puis nous avons grandi, Nounours est partie. Nous n' avons plus jouer à saute bâton. Les hivers sont devenus plus doux. Le ramassage scolaire a enlevé aux enfants quelques unes des joies de l'hiver. Mais même si je n'aime toujours pas le froid, l'humidité et la neige glacée, je regrette ce temps où nous étions heureux.


la maison des enclos

le temps des neiges (24)

le temps des neiges (18)

le temps des neiges (9)


Oui, il est bon de retrouver son enfance, c'est ce que je fais à chaque fois que je reviens ici toujours avec le même allant. Parfois je redécouvre des lieux familiers et observe combien ils ont changés. Parfois, j'en découvre de nouveaux, insoupçonnés. Il est alors bon de rêver et d'imaginer comment autrefois la vie ici se déroulait. Je vais un peu plus loin dans mes investigations jusqu'à d'autres recoupements, d'autres souvenirs que je reviendrais vous confier bientôt.

 

le temps des neiges (10)

hiver 2012 des vaches des chevaux et des chats 008

chez le babot

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